vendredi 14 mars 2014

Le collectif Sortir du Nucléaire de Côte-d'Or interpelle les candidats aux municipales

Le collectif Sortir du Nucléaire de Côte-d'Or a envoyé une lettre aux candidats aux municipales de Dijon, Beaune et Montbard pour les interpeller sur le trains de déchets nucléaire qui passent régulièrement dans ces villes.














"A l’attention des candidat(e)s aux élections municipales à Beaune, Dijon et à Montbard,

Mesdames et Messieurs les candidat(e)s,

Le 23 décembre dernier, le déraillement en gare de Drancy (Seine-Saint-Denis) d’un wagon contenant 6 tonnes de combustible radioactif (dépêche AFP), soulève de nombreuses questions sanitaires et environnementales. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et Areva ont par ailleurs annoncé le 9 janvier 2014 qu’une trace de contamination radioactive avait été trouvée sur le wagon accidenté. Cette révélation soulève une nouvelle fois la question de la responsabilité des autorités préfectorales mais aussi de la responsabilité politique des élus locaux et nationaux sur une problématique fondamentale.

Ce wagon de 115 tonnes, contenant 6 tonnes de combustible radioactif, était en provenance de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) et à destination de l’usine de « traitement » des déchets de La Hague (Manche). Il est la partie émergée de l’iceberg : chaque année, plusieurs milliers de tonnes de déchets radioactifs transitent sur le réseau ferré français, transportant du combustible issu des centrales nucléaires françaises et européennes, principalement vers le département de la Manche. Le terminal de Valognes (Manche) est le nœud ferroviaire nucléaire le plus important au monde, porte d’entrée de l’usine de « traitement » de La Hague. L’opacité liée au transport de ces matières dangereuses ne permet pas de chiffrer exactement le tonnage et le nombre de convois qui transitent chaque année en France et en Bourgogne.

La Côte d’Or n’est évidemment pas épargnée par ces déplacements de matières dangereuses. Régulièrement, des Organisations Non Gouvernementales préviennent du passage de ces convois, qui transitent en Côte-d’Or essentiellement via Beaune, Dijon et Montbard. Le dernier convoi « connu » a transité en Côte d’Or en février 2013. En provenance d’une centrale nucléaire italienne, les wagons rejoignaient le département de la Manche. Certes l’on peut arguer, face à l’opacité de cette filière d’acheminement, qu’il existe des risques d’atteinte volontaire à ces convois de matières dangereuses… mais cela peut-il, doit-il, se faire au détriment d’une information minimale des citoyens ? Pour rappel, le contribuable français et bourguignon consacre une part importante de ses impôts au fonctionnement du système nucléaire national : nucléaire civil et nucléaire militaire recèlent de nombreux coûts avérés et cachés (recherche, investissements colossaux, sécurisation des sites de production de combustible et d’électricité, interventions militaires en Afrique afin de protéger les filières d’approvisionnement en uranium, traitement et stockage des déchets sur plusieurs centaines, voire milliers d’années). En plus du poids financier que représente cette filière, de plus en plus de citoyens la considèrent comme une énergie du passé, non durable et dangereuse pour la santé et l’environnement ; les gestionnaires de la filière et l’Etat s’évertuent pourtant à la pérenniser et à agir dans l’opacité la plus totale. Et que dire de Valduc, le plus grand centre d’assemblage, de fabrication et de démantèlement des armes atomiques françaises, situé à 35 Kilomètre au Nord de Dijon : le déplacement de ces matières dangereuses s’effectue par la route ; là encore sans aucune information préalable, sous couvert du secret défense.

Le 17 novembre 2011, le Conseil Municipal de Dijon émettait le vœu auprès de la Préfecture de Côte d’Or, « qu’une information transparente soit donnée aux élus du conseil municipal de Dijon et aux dijonnais » concernant le déplacement de ces matières dangereuses. La nature de ce vœu est évidemment à saluer, et les citoyens en quête de transparence ne peuvent que s’en féliciter. Mais force est de constater qu’il est resté lettre morte, et que les trains de déchets radioactifs continuent de circuler sans que la population n’en sache rien. Qui sait aujourd’hui à Dijon, à Beaune, à Montbard que des déchets radioactifs transitent sous ses fenêtres ? Bien peu de monde… pour ainsi dire personne ! Faut-il attendre le déraillement d’un train de déchets nucléaires en plein cœur de Dijon pour en informer les citoyens ? Faut-il attendre le pire pour que les autorités préfectorales, pourtant sollicitées par le Conseil Municipal de Dijon réagissent ? Faut-il attendre l’accident irréparable pour que nos élus, conscients des dangers encourus par les populations, prennent le problème à bras-le-corps ?

Face à ces secrets industriels et à ces secrets d’Etat, le fatalisme et le découragement sont des réactions fréquentes, souhaitées par ceux qui gèrent la filière en toute opacité. Que pouvons-nous alors ? Les élus locaux ont un rôle important à jouer, quel que soit leur bord politique. Pour preuve les réactions récentes du maire de Drancy, lieu du déraillement du wagon du 23 décembre, qui va porter plainte contre l’Etat dans cette affaire. Les maires de toutes les communes peuvent prendre, au-delà de ce dommageable incident, des arrêtés interdisant le transport de matières dangereuses sur leur territoire. Le transport de matières dangereuses relevant de la compétence du Préfet, l’Etat prendra en conscience ses responsabilités.

Mesdames et Messieurs les candidat(e)s aux élections municipales, de tous bords, la sortie du Nucléaire est inéluctable à moyen terme. L’enclencher dès aujourd’hui représentera une économie importante, plutôt que de la réaliser dans l’urgence dans 30 à 40 ans. Vous avez peur pour l’emploi, problématique qui dépasse aujourd’hui toute considération sanitaire et environnementale ? Investissez dans la filière de démantèlement et devenez le fleuron mondial de ces techniques ! Et regardez le futur en face : économies d’énergie, énergies renouvelables, relocalisation des productions dans de plus petites unités, sont les moyens de rendre notre pays à la fois plus sûr d’un point de vue industriel et plus riche en emploi.

A quand la fronde des élus locaux contre l’opacité et le coût des filières nucléaires, qui, de Valduc aux centrales nucléaires dont les déchets dangereux traversent notre région, mettent en danger la santé des citoyens ?

En cette période pré-électorale, Mesdames et Messieurs les candidat(e)s, n’éludez plus cette problématique et prenez position, au-delà des clivages et des lignes partisanes. C’est peut-être cela le courage politique."

Le nucléaire n'est pas une fatalité comme le démontre le scénario négawatt. Tout citoyen peut aussi montrer son opposition très simplement: quitter EDF pour Enercoop, seul fournisseur d'électricité 100% non nucléaire.

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